Radical Praxes 00b (ii) - Laziness is another form of boredom which is another form of fear - 28.10.15
PRINCIPES
1. La radicalité peut être politique, elle peut être physique, chimique et mathématique. Elle peut être éducative. La radicalité peut être architecturale, littéraire, littérale, musicale et même artistique.
2. Radical Praxes est une communauté politiquement active composée de travailleurs et travailleuses de l’art, de diffuseurs, de penseurs et penseuses de l’art.
3. Radical Praxes s’articule autour d’un programme principal d’exposition structuré par cycle. Un cycle dure quatre ans. Mais les gens sont Radical Praxes. Radical Praxes est responsable de son espace d’exposition, et de ses déclarations. Mais les gens sont Radical Praxes.
4. Le leitmotiv de Radical Praxes est de considérer la « radicalité », dans la mesure où toutes les expositions du programme principal sont initialement acceptées comme propositions par la commission d’examen, composé de dix associés principaux de Radical Praxes. La commission d’examen décide si une exposition est suffisamment radicale pour être présentée par Radical Praxes.
5. La radicalité est le leitmotiv du programme d’exposition. Cela ne signifie pas que d’autres sujets soient exclus. Vous pouvez parler radicalement sur le cinéma, par exemple. Ou parler de cinéma radical. Leitmotiv est une francisation de l’allemand pour “motif principal” ou “motif directeur”. On peut la considérer comme la plus petite unité structurelle possédant une identité thématique.
6. Pour chaque exposition du programme principal dont Radical Praxes est responsable, un penseur, une penseuse de l’art sera chargé.e d’écrire un essai. Cette dépense est calculée comme une dépense de base et est absolument au cœur du programme. Le programme va donc générer de la théorie et du discours, même par défaut.
7. Radical Praxes est aussi une expérience de la démocratie, de la solidarité, de la communication et de ses médias. La structure politique de Radical Praxes est délibérément construite pour éclairer le fonctionnement de la démocratie représentative. En tant que tel, l’historien, l’historienne de l’art qui s’intéresse au politique pourra faire de Radical Praxes un cas d’étude. L’histoire de Radical Praxes peut être comparée à celle de l’histoire d’un parti, mais pour être exacte, cette comparaison devra être recontextualisée.
8. Enfin, le fait le plus évident reste que le programme de Radical Praxes, s’il suit simplement son cours, nous fournira la définition la plus réfléchie que le monde de l’art possède de ce terme si important : « radical ». Il ne touchera pas aux définitions des mathématiques, à savoir : Dans la théorie des anneaux commutatifs, une branche des mathématiques, le radical d’un idéal I est un idéal tel qu’un élément x est dans le radical si un certain pouvoir de x est en I. Un idéal radical (ou idéal semi-primaire) est un idéal qui est son propre radical (on peut dire que c’est un point fixe d’une opération sur les idéaux appelée radicalisation), le radical d’un primaire. L’idéal est primordial. Mais l’art étant l’art, nous utiliserons aussi la définition des mathématiques. Pour celle-ci, le radical d’un idéal reflète exactement notre situation.
GOUVERNANCE
1. Il y a 32 associés principaux de Radical Praxes. Chaque associé principal a la responsabilité finale de l’une des 32 expositions du programme principal qui a un cycle de quatre ans.
2. Les associés principaux sont élus à la fin de chaque cycle par le conseil d’administration de l’association. Pour le premier cycle, les premiers associés principaux seront invités par la présidence fondatrice. Chaque nouvel associé ainsi sélectionné a le droit de suggérer d’autres associés, principaux ou non principaux : sous réserve d’un vote favorable de 51% par les membres déjà existants.
3. Le président, la présidente, est un, une, associé.e principal.e et il, elle dispose d’une voix prépondérante.
4. La présidence est d’une durée de 2 ans et elle est soumise à des élections. Outre le président, la présidence se compose de quatre autres rôles : celui de trésorier, de commercialisateur, de gestionnaire et celui de secrétaire.
5. Le facteur le plus important dans tout cela est la commission d’examen. C’est la commission qui produit la quasi-totalité de la bureaucratie. Dix associés sont élus pour chaque année d’exposition, à partir du 1er mai. Chaque membre peut présenter sa candidature à la commission en février, y compris les associés non essentiels.
6. Les associés non essentiels ont le même statut que les associés principaux, mais ils n’ont pas la responsabilité de mettre en place l’une des expositions dans le programme principal. Les associés non principaux ne peuvent pas se présenter à la présidence. Ils sont invités à suggérer que Radical Praxes sponsorise des expositions, des actions médiatiques, des interventions physiques dans l’espace public et autres diffusions artistiques. Sous réserve de l’approbation initiale de la commission d’examen, ces projets sont ensuite soumis au vote de tous les associés : un vote de 51% en faveur d’un projet garantit que Radical Praxes le supporte. Les associés non essentiels sont admis ou refusés (si nécessaire) sur proposition et vote des 32 associés principaux.
7. Le président fondateur est l’auteur de cette liste. Les tâches qui lui incombent consistent à gérer l’espace d’exposition, à représenter Radical Praxes auprès des médias et du monde de l’art en général, et surtout, de faire fonctionner Radical Praxes comme un moteur générateur de théorie. Chaque associé est censé apporter à Radical Praxes la réalité d’une praxis radicale qu’ils incarnent, ou qui est incarnée dans l’œuvre ou la personne de quelqu’un d’autre, jusqu’à l’essentiel à partir de laquelle la théorie sera générée, comme si elle provenait d’un rotor en mouvement.
8. Des modifications de la constitution de Radical Praxes peuvent être apportées à l’assemblée générale annuelle sur la proposition d’un, d’une associé.e. Elles doivent ensuite être entérinées à la majorité des voix de tous les associés.
JUSTIFICATION
1. Radical Praxes est régi par un attachement à la logique inductive, et dans une moindre mesure, à la logique déductive. Vous pouvez en déduire que les artistes et les travailleurs et travailleuses de l’art avec une croyance typiquement médiévale en leur prédestinée immortalité ne sont pas les bienvenus en tant qu’associés. Ces artistes et travailleurs, travailleuses, de l’art peuvent bien sûr être invités par un, une, associé à travailler avec nous dans le cadre d’une proposition radicale qui sera ensuite soumise à la commission d’examen.
2. La radicalité a quelques qualités éthiques essentielles, qui malheureusement, même au 21e siècle, doivent être précisées. Racisme, sexisme ou préjugés envers toute personne sur la base d’un jugement quant à son physique, la façon dont elle apparaît ou dont elle agit en privé, ou bien son origine ou sa classe sociale est absolument taboue : cela tant dans le comportement des associés entre eux autant qu’envers le public ; et cela s’applique bien sûr aussi de manière oblique quant au contenu et à la forme de toute itération de Radical Praxes. Vous ne pouvez pas travailler avec nous si vous êtes sexiste. Malgré cette injonction, qui exclura beaucoup de peintres abstraits masculins, de nombreux thèmes de Radical Praxes porteront sur le racisme, le sexisme et d’autres préjugés ignorants ; en bref, sur les réalités politiques.
3. Car c’est une des façons dont une exposition ou tout autre proposition sera jugée par la commission d’examen : pour sa pertinence politique. La pertinence politique en matière d’art est si rare, qu’une œuvre d’art ou une exposition qui est politiquement pertinente est certainement en voie d’obtenir un statut radical.
4. Un autre aspect de la radicalité est son besoin de précision. La logique inductive, qui est une logique basée sur des probabilités jugées à partir de l’expérience vécue, est préférée à la logique déductive, bien que nous aimions Sherlock Holmes. Mais tout le monde n’est pas aussi capable que Sherlock. L’expérience est la base de toute connaissance vraie. Pour cette raison, il y aura des instruments de collecte de fonds, afin que Radical Praxes puisse soutenir les acteurs du contexte de l’œuvre d’art en dehors des sentiers battus, afin de tirer profit de leur expériences liminaires.
5. Hannah Arendt a fait une distinction dans sa pensée entre ce ou ceux qu’elle appelait le social et ceux et ce qu’elle appelait le politique. Radical Praxes reconnaît la distinction d’Arendt : à travers notre structure, et les projets de nos associés, qu’ils soient principaux ou non, nous avons l’intention de dépasser le social pour entrer ou devenir le politique. C’est la motivation majeure pour devenir un associé de Radical Praxes, une réunion d’égal à égal sur des sujets d’importance dans le contexte de l’art et au-delà. Notre politique devrait fournir des modèles pour des alternatives à l’actuelle stratification de la richesse et du pouvoir dans le monde de l’art, ainsi que dans le monde politique et le monde du commerce. Si la classe politique peut percevoir que la politique arendtienne que nous engendrons est en fait ce qu’ils devraient incarner, alors ce sera une grande victoire pour Radical Praxes.
6. Dans le sillage de deux séries de quatre expositions, chacune d’entre elles étant nommée par un thème, il s’ensuivra une conférence de Radical Praxes à partir de laquelle les associés sont invités à s’orienter. Il y a deux thèmes par an, huit par cycle. Les conférences ont lieu chaque année en avril. Toutefois, la conférence fondatrice aura lieu en février 2017. L’organisation de la conférence annuelle est du ressort du, de la, secrétaire.
7. Les thèmes sont de grands concepts curatoriaux, tels que l’abstraction ou le conceptualisme. Ils peuvent aussi être arrachés à la politique ou à la philosophie, ou toute autre discipline universitaire. Même les sciences du sport.
8. Il est évident que le choix d’un thème est une situation particulièrement litigieuse. Les thèmes peuvent être suggérés par n’importe quel associé, et sont votés par l’ensemble des membres. Premier arrivé, premier servi. 51% des votes sont requis pour la légitimité. Le premier thème du programme de base de Radical Praxes sera choisi par la présidence fondatrice sur avis de tous les associés.