Dans son dernier essai philosophique intitulé Nous, Tristan Garcia entreprend de rendre lisible la condition brouillée de notre « nous » ou de nos « nous ». Ces affirmations de nous-mêmes paraissent désormais correspondre à différents plans identitaires, sur lesquels nous revendiquons successivement notre appartenance à une ethnie, à une communauté de croyance, à une classe sociale ou professionnelle, à une orientation sexuelle, à une génération, sans savoir comment nous représenter le « nous des nous », dont nous relevons tous en définitive.
En ayant recours à toutes sortes de documents qui nous renseignent sur ce que nous appelons « nous », pamphlets, manifestes, journaux, textes théoriques ou chansons, l’auteur donne à entendre les mille voix qui ont prétendu parler au nom de nous.
Tristan Garcia se montre attentif à toutes les traditions, et suspend tout jugement moral sur les contenus politiques, pour s’intéresser à la constitution d’une subjectivité politique : la détermination d’un « nous », d’un « vous », d’un « eux », le tracé de lignes entre amis et ennemis, la formation de solidarités et le creusement de fossés entre les camps.
Né en 1981 à Toulouse, Tristan Garcia est entré en 2000 à l’École Normale Supérieure. Il a soutenu sa thèse sous la direction de Sandra Laugier sur la représentation dans les arts humains, avant de mener une double vie d’auteur de fictions et d’idées. Il a publié des nouvelles (En l’absence de classement final, 2011) et plusieurs romans aux éditions Gallimard, en changeant sans cesse de genre (La Meilleure part des hommes, 2008), d’espèce (Mémoires de la Jungle, 2008) ou d’univers (Les Cordelettes de Browser, 2012), avant de s’inventer une biographie de démon de province (Faber. Le destructeur, 2013).
Ses recherches en ontologie et en métaphysique l’ont conduit à la publication de Forme et objet. Un traité des choses (Puf, 2011, traduit en anglais par Jon Cogburn et Mark A. Ohm, Edinburgh UP, 2014), ainsi qu’à une série d’essais sur L’Image (Atlande, 2008), la souffrance animale (Nous, animaux et humains, 2011) ou l’existence en série (Six feet under. Nos vies sans destin, 2012).
Il enseigne aujourd’hui à l’école d’art de Lausanne et co-dirige la collection consacrée aux séries télévisées par les Puf.
Une conférence de Tristan Garcia, sur une proposition de Laurence Wagner, enregistrée le 30 novembre 2017 au TU - Théâtre de l’Usine