La matinale dédiée à l’actualité de la création contemporaine, tous les mercredis de 9:15 à 10:00 en direct sur *Duuu Radio.
Avec ce mois-ci : Justin Morin, Pascal Montfort et Julie Duval (accompagnée Juliette Bayi).
Purple swag, purple swag, I’m in the zone, I’m getting throwed
That purple swag, purple swag, that purple smoke up in my clothes
That big booty, juicy fruity, yellow bone, I wanna bone
00:00 - 24:00
Précipités de lenteur est un projet protéiforme. Conçu initialement pour une exposition personnelle au BBB centre d’art à Toulouse en 2019, il est devenu depuis un essai d’économie politique de la musique publié dans la revue Audimat, une mixtape pour un marathon confiné du festival Sonic Protest et à présent un programme radiophonique de 24 heures pour *Duuu Radio.
Quelle que soit sa forme, il s’agit à chaque fois d’interroger l’idéologie de l’accélération qui gouverne nos sociétés, à travers des expérimentations sonores menées sur le ralentissement. À l’heure du trading à haute fréquence, de l’occupation 24/7 du temps de vie, de l’apologie de la mobilité et de l’augmentation généralisée du rythme des changements sociaux, ces expériences constituent autant de critiques en acte, de tentatives de temporisation, sinon de replis face aux impératifs de l’accélération. Dans le contexte actuel de pandémie, où cette fuite en avant semble avoir été – temporairement – stoppée net dans sa course, ces musiques résonnent sans doute encore autrement, tel un retard en guise de prélude, celui-là même où nous vivons.
⏳ Précipités de lenteur (version programme radiophonique) ⏳
🕛 Dj Screw, In The Air Tonight
🕛 Harry Pussy, Let’s Build a Pussy
🕐 La Monte Young, Dream House, Map Of 49’s Dream, Drift Study, The Second Dream Of The High Tension Line Stepdown Transformer From The Four Dreams Of China
🕞 A$AP Rocky, Purple Swag, Been Around The World, Get Lit
🕓 John Cage, Organ2/ASLSP
🕡 Michael Prime, One Hour As A Plant
🕢 Philip Corner, Satie Slowly
🕤 Neu!, Cassetto
🕤 Dj Screw, Chapter 178 – In the Zone
🕚 Neu!, Hallo Excentrico!, Super 16
🕚 Michael Snow, Falling Starts
🕛 Kylie Minoise, You Suffer
🕐 Alvin Lucier, Nothing Is Real (Strawberry Fields Forever)
🕐 Taku Sugimoto & Radu Malfatti, Futsatsu
🕞 A$AP Rocky, Purple Swag – Chapter 2
🕞 Walter Marchetti, Natura Morta
🕟 Dj Screw, Same Ol G
🕡 Eliane Radigue, Adnos I-III
🕙 Earth, Seven Angels, Teeth of Lions Rule The Divine
🕥 Collin Olan, Rec01
🕚 Gavin Bryars, The Sinking Of The Titanic
PROGRAMME DIFFUSÉ DANS LE CADRE DE « CHANSONS POUR MÉNAGE SEUL. UNE EXPOSITION RADIOPHONIQUE ET PANDÉMIQUE » (CUR. ÉMILE OUROUMOV)
It’s like a campus.
00:00 - 24:00
Précipités de lenteur est un projet protéiforme. Conçu initialement pour une exposition personnelle au BBB centre d’art à Toulouse en 2019, il est devenu depuis un essai d’économie politique de la musique publié dans la revue Audimat, une mixtape pour un marathon confiné du festival Sonic Protest et à présent un programme radiophonique de 24 heures pour *Duuu Radio.
Quelle que soit sa forme, il s’agit à chaque fois d’interroger l’idéologie de l’accélération qui gouverne nos sociétés, à travers des expérimentations sonores menées sur le ralentissement. À l’heure du trading à haute fréquence, de l’occupation 24/7 du temps de vie, de l’apologie de la mobilité et de l’augmentation généralisée du rythme des changements sociaux, ces expériences constituent autant de critiques en acte, de tentatives de temporisation, sinon de replis face aux impératifs de l’accélération. Dans le contexte actuel de pandémie, où cette fuite en avant semble avoir été – temporairement – stoppée net dans sa course, ces musiques résonnent sans doute encore autrement, tel un retard en guise de prélude, celui-là même où nous vivons.
⏳ Précipités de lenteur (version programme radiophonique) ⏳
🕛 Dj Screw, In The Air Tonight
🕛 Harry Pussy, Let’s Build a Pussy
🕐 La Monte Young, Dream House, Map Of 49’s Dream, Drift Study, The Second Dream Of The High Tension Line Stepdown Transformer From The Four Dreams Of China
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*Up
Down
Up
Up
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Précipités de lenteur est un projet protéiforme. Conçu initialement pour une exposition personnelle au BBB centre d’art à Toulouse en 2019, il est devenu depuis un essai d’économie politique de la musique publié dans la revue Audimat, une mixtape pour un marathon confiné du festival Sonic Protest et à présent un programme radiophonique de 24 heures pour *Duuu Radio.
Quelle que soit sa forme, il s’agit à chaque fois d’interroger l’idéologie de l’accélération qui gouverne nos sociétés, à travers des expérimentations sonores menées sur le ralentissement. À l’heure du trading à haute fréquence, de l’occupation 24/7 du temps de vie, de l’apologie de la mobilité et de l’augmentation généralisée du rythme des changements sociaux, ces expériences constituent autant de critiques en acte, de tentatives de temporisation, sinon de replis face aux impératifs de l’accélération. Dans le contexte actuel de pandémie, où cette fuite en avant semble avoir été – temporairement – stoppée net dans sa course, ces musiques résonnent sans doute encore autrement, tel un retard en guise de prélude, celui-là même où nous vivons.
⏳ Précipités de lenteur (version programme radiophonique) ⏳
🕛 Dj Screw, In The Air Tonight
🕛 Harry Pussy, Let’s Build a Pussy
🕐 La Monte Young, Dream House, Map Of 49’s Dream, Drift Study, The Second Dream Of The High Tension Line Stepdown Transformer From The Four Dreams Of China
🕞 A$AP Rocky, Purple Swag, Been Around The World, Get Lit
🕓 John Cage, Organ2/ASLSP
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Précipités de lenteur est un projet protéiforme. Conçu initialement pour une exposition personnelle au BBB centre d’art à Toulouse en 2019, il est devenu depuis un essai d’économie politique de la musique publié dans la revue Audimat, une mixtape pour un marathon confiné du festival Sonic Protest et à présent un programme radiophonique de 24 heures pour *Duuu Radio.
Quelle que soit sa forme, il s’agit à chaque fois d’interroger l’idéologie de l’accélération qui gouverne nos sociétés, à travers des expérimentations sonores menées sur le ralentissement. À l’heure du trading à haute fréquence, de l’occupation 24/7 du temps de vie, de l’apologie de la mobilité et de l’augmentation généralisée du rythme des changements sociaux, ces expériences constituent autant de critiques en acte, de tentatives de temporisation, sinon de replis face aux impératifs de l’accélération. Dans le contexte actuel de pandémie, où cette fuite en avant semble avoir été – temporairement – stoppée net dans sa course, ces musiques résonnent sans doute encore autrement, tel un retard en guise de prélude, celui-là même où nous vivons.
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PROGRAMME DIFFUSÉ DANS LE CADRE DE « CHANSONS POUR MÉNAGE SEUL. UNE EXPOSITION RADIOPHONIQUE ET PANDÉMIQUE » (CUR. ÉMILE OUROUMOV)
Marchons, marchons. Oui, nous rendons au monde cette vigueur féconde, qu’il a mise en nos coeurs. Paix. Paix.
Louise Hervé & Clovis Maillet Spectacles without Objects, 2016
Chansons diffusées (face A du vinyle) :
Avant le repas
Le Retour du Père
La Ronde des saint-simoniens
Après le repas
La Danse des astres
– Musique par Félicien David, 1832. Interprétées par l’ensemble Camera Sei, 2014
Se déclinant sous de multiples formes (film, objets, performances, livre, pièce sonore), Spectacles sans objet de Louise Hervé & Chloé Maillet est consacré à plusieurs occurrences de performances utopiques anciennes, antérieures au moment moderniste auquel on assigne souvent la naissance de la performance artistique. L’archéologie de la performance est une question contemporaine, en particulier quand elle resitue cette pratique au sein de communautés qui aspiraient à transformer les structures et les relations sociales et à changer les êtres humains.
Diffusée dans le cadre de cette programmation radiophonique, la face A du vinyle issu du projet retrace l’ambiance sonore du mouvement des Saint-Simoniens. Fondé au XIXème siècle, ce mouvement utopique aux allures proto-socialistes est marqué par l’entraide et l’égalité radicale. Les Saint-Simoniens souhaitaient bâtir une société triangulée par la technologie, la science et l’art. Ils entendaient le travail du corps et de l’esprit comme un moyen absolu de régénération de la société aboutissant à l’avènement du nouveau monde. Paradoxalement, les origines de la rationalisation et du culte du travail contemporains, soubassements du capitalisme, peuvent être retracées jusqu’à ces formes de socialisme utopique.
Les rituels des Saint-Simoniens ont pris forme lors de leur retraite à Ménilmontant où ils ont établi une commune artistico-politique. Deux fois par semaines, les portes de leur demeure s’ouvraient à toute personne souhaitant se familiariser avec leur mode de vie. Dans leur communauté, toutes les taches étaient partagées, en commençant par le fait de s’habiller : ils portaient des chemises boutonnées sur le dos qui ainsi nécessitaient l’aide d’une deuxième personne. Chansons et danses accompagnaient toutes les activités, en particulier les travaux ménagers. Les paroles célèbrent le travail collectif, l’amour entre les classes sociales, l’égalité des genres et la paix internationale, mais aussi leur emblématique « Père » spirituel, Prosper Enfantin. Hervé & Maillet voient dans ces rituels une forme de proto-performance, une mise-en-scène d’idées utopiques. Dans leur « spectacle », les Saint-Simoniens ne sont pas des acteurs – ils jouent leurs propres rôles.
Ainsi, un dimanche de 1830, à Ménilmontant, une trentaine d’hommes en costume tricolore, pantalon, gilet blanc boutonné dans le dos et manteau bleu est affairée à nettoyer la vaisselle, raccommoder des boutons, cirer des souliers. Ils sont en plein air, au milieu d’un grand jardin, installés sur une estrade : une foule nombreuse s’est assemblée pour les regarder. Les hommes en costume entonnent parfois un refrain, qui est repris en chœur par le public. C’est une performance ouverte à tous, dont le but est politique : les saint-simoniens veulent montrer la société de demain au peuple. Ils mettent en scène un monde où se reconfigurent le masculin et le féminin, les hiérarchies sociales, ainsi que la notion d’art. Nous sommes aux prémices de la définition de l’art social, et cet art ce devait être la performance, chantée, actionnée, parlée.
L’interprétation des chansons est due à l’ensemble vocal Camerai Sei, avec qui les artistes ont travaillé les partitions méconnues de Félicien David, chantées par les saint-simoniens pendant leur retraite à Ménilmontant autour du « Père » Prosper Enfantin. À travers la reconstitution de moments décisifs, notamment la dispute avec Claire Bazard et le retour du « Père » auprès des saint-simoniens, Hervé & Maillet explorent plusieurs pans de l’émergence de la performance et parcourent des lieux emblématiques de communautés utopiques du XIXe siècle.
Pour leur diffusion radiophonique, les chansons s’insèrent dans la grille de programmation du 1er mai, journée internationale des travailleurs, à des heures qui évoquent leur usage dans la communauté Saint-Simonienne (début de la journée, heure du repas, etc.)
PROGRAMME DIFFUSÉ DANS LE CADRE DE « CHANSONS POUR MÉNAGE SEUL. UNE EXPOSITION RADIOPHONIQUE ET PANDÉMIQUE » (CUR. ÉMILE OUROUMOV)
Louise Hervé & Chloé Maillet Spectacles without Objects, 2016
Vinyle coloré en édition limitée à 300 exemplaires.
Production Pork Salad Press & Kunsthal Aarhus.
Bourdonnement, Grésillements, Eau.
Matthieu Saladin European Crisis Time Capsule, 2016
Version radiophonique : bande son issue de l’installation sonore.
La pièce European Crisis Time Capsule donne à entendre un ensemble de discours prononcés par les principaux acteurs politiques de la crise européenne de la dette souveraine, modulés par vocodeur, un logiciel de transformation vocale originairement utilisé par l’armée pour le codage et le décodage de messages envoyés sur de longues distances, puis popularisé dans les années 1970 par les musiques électroniques. Le titre de la pièce lui-même fait référence à une œuvre pour chœur du compositeur américain Alvin Lucier, North American Time Capsule (1967), où chaque interprète décrit le contexte culturel de l’époque tandis que sa voix est traitée par vocoder. Ici, les déclarations de José Manuel Durao Barroso, Mario Draghi, Jean-Claude Juncker, Christine Lagarde, Angela Merkel, Alexis Tsipras, parmi d’autres, sont tour à tour transformées électroniquement de telle sorte que chaque paramètre du logiciel vocal est indexé sur la courbe d’un indice renvoyant au discours source (croissance, inflation, taux de chômage, de pauvreté, de la dette publique, etc.).
Sous sa forme originale d’installation sonore, la diffusion était assurée par un dispositif audio publicitaire ayant la particularité d’utiliser la vitrine de l’espace d’exposition comme membrane de haut-parleur. Muni d’un détecteur de présence, le dispositif déclenchait un discours à chaque passage de piétons devant la vitrine de l’espace d’exposition, diffusé tant vers l’espace public qu’à l’intérieur de la galerie. A l’occasion de la présente diffusion radiophonique, les différents enregistrements de discours politiques et économiques ponctuent la grille journalière de la radio *Duuu, se substituant au rôle habituellement joué par les jingles sur les ondes hertziennes.
PROGRAMME DIFFUSÉ DANS LE CADRE DE « CHANSONS POUR MÉNAGE SEUL. UNE EXPOSITION RADIOPHONIQUE ET PANDÉMIQUE » (CUR. ÉMILE OUROUMOV)
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Up
Up
Évaporation – Extrait
La pièce débute par un son presque inaudible, suivi d’une tonalité frémissante, vibrante puis palpitante, qui progressivement s’estompe et se transforme en un bruit doux, avant de disparaître. Ce son est l’enregistrement en haute définition de l’évaporation de 785 grammes d’eau, la quantité moyenne qu’un corps perd tout au long d’une journée de travail dans un bureau. Cette mesure provient d’un bilan réalisé par l’entreprise Carrier, spécialisée dans les systèmes de climatisation — une donnée qui a intéressé Matthieu Saladin dans le cadre de ses recherches sur le temps et le corps au travail.
Avec Évaporation, il explore ce processus presque imperceptible mais néanmoins nécessairement à l’œuvre, même en situation de travail de bureau en apparence immobile. Il matérialise la transpiration, cette régulation silencieuse mais indispensable au bon fonctionnement d’un corps.
La présente radiodiffusion, en période de confinement, remplace l’écoute sur casque suspendu de la version d’exposition par une diffusion « située » avec une pointe d’ironie, le matin de la journée internationale des travailleurs.
Matthieu Saladin - Évaporation, 2019
Enregistrement sonore, 47’38 (extrait de 4’00)
Production : BBB centre d’art, Toulouse
PROGRAMME DIFFUSÉ DANS LE CADRE DE « CHANSONS POUR MÉNAGE SEUL. UNE EXPOSITION RADIOPHONIQUE ET PANDÉMIQUE » (CUR. ÉMILE OUROUMOV)
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Matthieu Saladin Précipités de lenteur, 2019
Précipités de lenteur Le projet Précipités de lenteur de Matthieu Saladin existe sous la forme d’une playlist d’œuvres musicales accompagnée d’un essai d’économie politique de la musique. Il interroge l’idéologie de l’accélération qui gouverne aujourd’hui notre société, à travers l’analyse de diverses expérimentations sonores menées sur le ralentissement. À l’heure du trading à haute fréquence, de l’occupation 24/7 du temps de vie, de l’apologie de la mobilité et de l’augmentation généralisée du rythme des changements sociaux, ces expériences constituent autant de critiques en acte, de tentatives de temporisation, sinon de replis face aux impératifs de l’accélération.
Gavin Bryars, The Sinking of the Titanic (1969-72), composition musicale, 60’13
The Sinking of the Titanic L’œuvre expérimentale The Sinking of the Titanic [Le naufrage du Titanic, 1969-72] du compositeur minimaliste anglais Gavin Bryars est l’une des pièces qui font partie de Précipités de lenteur. Écrite alors qu’il enseigne à l’Art College de Portsmouth, Bryars tâche de traduire sous forme de partition le naufrage du Titanic. L’histoire est connue : ayant heurté un iceberg le 14 avril 1912 à 23h40, le navire considéré à l’époque comme une prouesse technologique sombre lentement mais sûrement au fond de l’océan, ayant totalement disparu de la surface des eaux quelques heures après la collision. La légende dit que l’orchestre aurait continué à jouer de la musique jusqu’à l’engloutissement complet du paquebot. À partir d’une importante recherche documentaire, Bryars recompose, à travers une série de variations d’un thème joué lors du naufrage, la transformation acoustique de l’environnement sonore inhérente à l’immersion progressive du transatlantique. Comme l’écrit le compositeur : « la musique passe par différents états, donnant à entendre une lente descente vers le fond de l’océan, où se déploie une gamme de phénomènes d’écho et de diffraction, mélangés à une atténuation considérable des hautes fréquences. » Mais peut-être peut-on plus largement entendre dans les langueurs de son orchestration le devenir englouti de l’accélération. Elle qui n’avait connu que fulgurance fait à présent l’expérience d’une agonie dont le rythme même contrarie sa nature. L’accélération stoppée nette dans sa course s’engouffre inexorablement.
PROGRAMME DIFFUSÉ DANS LE CADRE DE « CHANSONS POUR MÉNAGE SEUL. UNE EXPOSITION RADIOPHONIQUE ET PANDÉMIQUE » (CUR. ÉMILE OUROUMOV)
Pour qu’une montagne puisse jouer le rôle de Mont Analogue, concluais-je, il faut que son sommet soit inaccessible, mais sa base accessible aux êtres humains tels que la nature les a faits. Elle doit être unique et elle doit exister géographiquement.
Le parcours de l’écrivain français René Daumal est aussi bref que surprenant. Décédé à l’âge de 36 ans, au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, il n’a laissé qu’un corpus d’œuvres restreint, dont Le Mont Analogue est la conclusion remarquable (et pourtant restée inachevée). Sa curiosité et la soif d’un monde autre le poussent vers les études du sanskrit, la « métaphysique expérimentale » issue des enseignements ésotériques de Gurdjieff, mais aussi, à la recherche de l’« au-delà », vers un côtoiement fréquent des substances psychoactives. Le tétrachlorométhane fragilisera ses poumons, provoquant la tuberculose qui l’emportera en 1944.
Le Mont Analogue, quant à lui, est défini comme un « roman d’aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques ». Il relate un voyage initiatique vers une dimension régie par un endémisme « spirituel », un univers délimité par les pentes d’un Mont sacré, caché à la vue par notre inaptitude à voir avec l’esprit. Puisque « nous savons a priori, en vertu des lois de l’analogie, qu’elle doit exister », une expédition est aussitôt entreprise à destination des antipodes, localisation pressentie de la montagne. Le petit groupe de grimpeurs, une fois arrivé à la base du sommet, découvre une société hiérarchisée autour de la figure du guide de haute montagne, vivant en harmonie avec la nature. L’escalade est entreprise et, pendant l’ascension, les protagonistes trouvent des « peradams », cristaux rarissimes et quasiment invisibles, symbolisant la laborieuse découverte de vérités sur le chemin spirituel.
Une proposition issue du projet curatorial « LE PRINCIPE GALÁPAGOS » (Maxime Bondu, Bénédicte le Pimpec, Gaël Grivet, Émile Ouroumov). Palais de Tokyo, Paris, 2013.
René Daumal. Le Mont Analogue, 1939-1944.
Roman inachevé | Unfinished novel. Éditions Gallimard, 1952
Lecture radiophonique par Sarah Chaumette, 2013
2h59’
PROGRAMME DIFFUSÉ DANS LE CADRE DE « CHANSONS POUR MÉNAGE SEUL. UNE EXPOSITION RADIOPHONIQUE ET PANDÉMIQUE » (CUR. ÉMILE OUROUMOV)