“Je parle de pierres qui ont toujours couché dehors ou qui dorment dans leur gîte et la nuit des filons. Elles n’intéressent ni l’archéologue, ni l’artiste, ni le diamantaire. Personne n’en fit des palais, des statues, des bijoux (…)”
Roger Caillois, Dédicace de Pierres (Gallimard, 1966)
Ni joailliers ni tailleurs de pierre, Melissa Dubbin & Aaron S. Davidson ont pourtant fait du minéral un modèle, un enjeu central de leur pratique, ce que donnait à voir leur exposition a drusy vein : une veine drusique. Masse tabulaire de cristaux tapissant une fissure longiligne dans la roche, la veine drusique est ainsi “déposée” en elle, comme dans son lit. La veine naît dans les profondeurs rocheuses mais ne se signale au regard que par la strie qu’elle laisse apparaître à la surface de la roche. La trace précède ici l’inscription. Et c’est à l’observation de cette trace discrète, qui indique l’endroit d’un potentiel trésor, que le travail de ces deux artistes nous invite. A la fois structure et processus de sédimentation, l’exposition était rythmée par l’inclusion hebdomadaire de nouveaux travaux et événements venant modifier en permanence la nature de ce qui est montré et de ce qui est potentiellement découvert. Chaque événement devenait quant à lui la formalisation possible d’une œuvre tout en étant la condition nécessaire à la reconfiguration de l’exposition elle-même.
De discrets changements intervenaient ainsi au sein de l’exposition, qui accueillait un concert de la chanteuse, improvisatrice et compositrice Stine Janvin Motland, une conversation avec la géologue Violaine Sautter et une lecture par la comédienne Elina Löwensohn. Ces événements mettaient en œuvre un jeu de relations avec les objets que comprend Making a Record (Diamond, Ruby, Sapphire and Emerald). (Maxime Guitton, commissaire de l’exposition)
Épisode 1 : Stine Janvin Motland (28’15)
Épisode 2 : Violaine Sautter (71’54)
Épisode 3 : Maxime Guitton (38’18)
Épisode 4 : Elina Löwensohn (06’49)
Une émission proposée par Maxime Guitton.