Écouter sans les yeux - workshops et partage de pratiques
02.06.25
Écouter

Duuu propose au printemps 2025 un programme axé autour des dispositifs sonores et situations “sans les yeux”. Les différents rendez-vous, ouverts au public et retransmis en direct sur Duuu Radio, proposent d’altérer les situations de réception et de transmission, d’assumer un rapport sensible à l’inconnu, et de questionner son environnement physique, sonore, visuel.

Écouter sans les yeux avec Tania Gheebrant, un atelier ouvert au public et retransmis en direct sur *Duuu à 18:00 le lundi 2 juin 2025

Tania Gheerbrant propose un arpentage sous forme de lectures de poèmes, récits chorals et autres jeux de montage à partir d’une collection de fanzines antipsychiatriques des années 70. Par le relais de leurs larynx, pharynx et autres organes phonateurs, le groupe deviendra ainsi le véhicule de ces voix oubliées.

Réuni autour d’une table circulaire, le groupe ressuscitera ensemble les mots et les rimes de ces anciens collectifs de patient·es militant·es. Cinquante ans plus tard, leurs révélations oubliées, cris étouffés et autres braises de luttes reviendront hanter le réel. Depuis leurs bouches-micros, les textes People Behind Walls, No More Genocide, Plante Me ou Life ricocheront jusqu’aux oreilles des auditeur·ices. Façon de murmurer ensemble la sempiternelle question : est-ce un bon signe d’être bien adapté·e dans une société profondément malade ?

Enregistrement : Sampson Staples
Avec le soutien de la ville de Paris

Écouter
28.09.22
dans la surface #1 : Safouane Ben Slama
Juliette Hage
29'17"
dans la surface (1)
dans la surface (1)
28.09.22
Écouter

Brétigny-sur-Orge, 2021, plein soleil, plein été. C’est les vacances. Il reste quelques personnes qui errent sur le terrain de football. C’est dans ce contexte que l’artiste Safouane Ben Slama a commencé sa résidence au Centre d’art contemporain de Brétigny, invité par la commissaire d’exposition Camille Martin. Il est allé chercher celles et ceux qui habitent ce réel-là, il les a photographié·es dans la rue, dans le train, assis·es sur des marches, en étant toujours à la recherche de ce qu’il y a en eux·elles de tendre. C’est comme une direction qu’il a choisie, celle de la tendresse, de la main posée délicatement sur l’épaule, du contact timide et prudent d’un corps à un autre. Je ne peux pas m’empêcher de penser à Alice Diop, à son film Vers la tendresse. Je pense aussi à Louisa Yousfi et à son essai Rester Barbare. Nous en avons déjà parlé ensemble, Safouane et moi. Je sais que c’est un texte qui l’a marqué. Car c’est peut-être de cette barbarie dont il est question dans son travail. Pas celle que l’on voit dans les journaux ou à la télévision. Il s’agit ici de cette barbarie intime et vitale, ce petit feu à l’intérieur de nous, ce foyer silencieux et nécessaire qui semble dire : « C’est la friche en nous. Notre terre vierge. » (1). Celui-là même dont il ne faudrait garder que les braises pour que l’incendie ne prenne pas, la prochaine fois (2), comme le présageait James Baldwin et le rappelle savamment Louisa Yousfi.
Nous nous sommes rencontrés tous les deux plusieurs fois. Le 8 juin 2022, dans un coin du Centre d’art contemporain de Brétigny-sur-Orge, nous avons parlé de son travail, de sa résidence au CAC, de fratries, de sororités et d’amour révolutionnaire.

Juliette Hage

(1) Louisa Yousfi, Rester Barbare, édition La fabrique, p. 21 (2022)
(2) James Baldwin, La prochaine fois, le feu (1963)

dans la surface est une émission radiophonique proposée par Juliette Hage pour *Duuu dont l’objectif n’est pas de rester à la surface mais, au contraire, de prendre le temps d’aller à l’intérieur de celle-ci. dans la surface propose de ralentir le temps, un instant, pour prendre le pouls d’un·e jeune artiste, faire émerger sa pratique à travers une oeuvre précise, une exposition ou lors d’une visite d’atelier
— là où il y a matière.

Réalisation : Juliette Hage
Montage : Paul Castillon
Jingle : Valentin Fleury

00
00
00
00